Elle a posé sa tête sur ses genoux. « Tu fais un câlin à tonton Jéjé ? » Elle a levé les yeux vers lui et sans plus de de manière, s’en est allée ventre de bébé en avant. Lui il était là. Quelques minutes se sont écoulées avant que son sourire ne s’esquisse enfin. La faute à ce cerveau ralenti sans doute. Pourtant il lui a répondu. Il a souri. C’était juste pas le bon timing. Et dans ce laps de temps entre le câlin et le sourire j’me suis demandée comment ça pourrait durer : Pour combien de jour, de mois encore elle câlinerait son oncle « bizarre » ? Celui qui bave et qui claudique. Pour combien de temps encore elle envierait ses jouets au point de les lui partager, même s’il en met du temps à les attraper ? Combien d’années avant qu’elle ne voit sa différence et qu’elle s’en éloigne ? J’me suis demandé comment faire pour que ça dure encore ? Quand comprendra t elle que ces minutes de silence avant qu’il ne réagisse à son étreinte sont celles de trop ? Et comment faire pour qu’elle les ignore encore un peu ? J’ai pas eu le temps de trouver la solution, il souriait « déjà ». Mais j’me suis promis d’y réfléchir vraiment. Comment éduque t on un enfant au handicap ? Alors avant de partir aujourd’hui et de le laisser retourner à ses gestes lents et ses réactions engourdies j’ai pris sa main à lui, on est allés se balader avec elle. Et à mon tour, un peu comme lui, j’ai vu le temps ralentir et j’ai tenté de capturer ce moment où encore pour quelques mois sûrement, ils avancent à peu près au même rythme.